Des six sens, avec hiraeth, le sens de la nostalgie, le discernement de l’odorat est le plus primitif, le plus instinctivement animal. L’odeur est libre, sauvage, brute. Bien que l’on puisse voir et entendre avant de sentir, l’odeur amène ce qui est perçu aussi près que possible, souvent assez près pour toucher.
En raison de l’importance profonde du parfum; sans elle, nous sommes vraiment nus, sans ornements, indépendamment de tout ce que nous pouvons porter. Le parfum nous garnit, nous embellit, nous honore; il nous dévoile aussi, nous dévoilant à notre plus primitif, notre plus charnel. Le parfum peut nous endormir dans la transcendance, il peut accélérer le cœur. Le parfum nous plonge dans un domaine où la dissimulation et l’invention jouent avec l’honnêteté et la réalité, où la fantaisie et le mystère défient la définition et l’identité.
Le parfum excite, tonifie, inspire. Le parfum nous appelle à des endroits que nous n’avons jamais connus auparavant; il nous invite à revenir à nos origines. Des sensations longtemps atténuées émergent. Une confiance retrouvée naît. L’assurance que nous sommes tels que nous apparaissons, que nous apparaissons tels que nous sommes, autodéterminés, enfin uniques, enfin réalisés, modifie chaque aspect de notre portance et de notre comportement.
Porter un parfum, haut et fort, proclame au monde que nous sommes dans le monde, du monde, explorateur et exploré, une vaste reddition de notre seule force. Si la croyance détermine la réalité, le parfum imprègne l’imagination, qui anime la perception, qui détermine cette certitude. L’intérêt, la fascination, l’engouement, l’obsession, tout réside dans la mystique plutôt que dans la divulgation. Dans le domaine du mystère, au moment et à l’endroit précis où la vérité et la magie se heurtent, souvent aidés par le parfum, il y a l’amour.